Ils profitent de l'embroussaillement des campagnes, de la diminution du nombre de chasseurs, mais aussi des particuliers et des sociétés de chasse qui les nourrissent à proximité des villes
Après une légère décrue, la population azuréenne de sangliers est de nouveau en expansion. Dans l'arrière-pays et surtout dans la zone littorale où ces cochons dits sauvages n'hésitent plus à s'approcher des habitations pour fouiller les poubelles et labourer les jardins à la recherche de nourriture. Récemment, une harde a été aperçue à la sortie de l'autoroute à Saint-Laurent-du-Var. Le 8 novembre au petit matin, un mâle a été abattu en plein Cagnes par un lieutenant de louveterie. Une nuit de la semaine dernière à Nice, une laie de 75 kg a été éliminée de la même manière après avoir provoqué des dégâts aux abords de l'école de Saint-Pierre-de-Féric.
Dégâts : le record de France?
Cette prolifération concerne la quasi-totalité de l'Hexagone ainsi que l'ensemble de nos voisins européens. Elle s'explique par l'absence de prédateur, hors l'Homme et dans une moindre mesure du loup, par la désertification des campagnes et l'embroussaillement des milieux, par la diminution du nombre de chasseurs mais aussi par des aides inopportunes.
Des particuliers, pour familiariser leurs visiteurs, des chasseurs, pour s'assurer une bonne saison (voir ci-contre), nourrissent des sangliers dans des conditions contestables et parfois illégales.
Bref, l'ensemble de ces facteurs favorise le développement de l'espèce, attesté par le montant des dégâts occasionnés à l'agriculture azuréenne et indemnisés par le monde de la chasse.
Un « été noir » pour l'agriculture
Après avoir chuté en 2009 à 64.000 euros, les dommages ont grimpé à 119.000 euros l'année suivante avant d'atteindre 190 000 euros en 2012.
« Ceux-ci restent d'un montant peu élevé, comparé au 1,6 million d'euros dans le Var et aux 3 millions de certains départements céréaliers de l'Est de la France »,souligne le président azuréen et national des chasseurs, Bernard Baudin.
« En données brutes, les A.M. sont peut-être en queue de peloton », rétorque le vice-président de la Chambre d'agriculture, Jean-Philippe Frère. « Mais si on ramène ces chiffres à la faible superficie de terres cultivées (210 hectares pour le maraîchage), on est recordman de France des dégâts...»
En ajoutant à ces désagréments les accidents de la route provoqués par les sangliers, la régulation de l'espèce devient urgente. Mais est-elle encore possible? En dépit des 6 000 prélèvements effectués cette année par les chasseurs azuréens, des 283 bêtes (170 de plus qu'en 2011) éliminés par les lieutenants de louveteries, la population de cochons sauvages continue à croître. « Après un été noir pour nos exploitations, déplore Jean-Philippe Frère, on craint un printemps 2013 encore plus difficile.»
